Revivre
Avant de toucher terre, avant d’entrer au port,
Avant de m’amarrer, de déposer mon corps,
De ménager mon cœur, de choyer ma santé,
De sortir mes pantoufles et d’y mettre mes pieds,
Avant de raconter, mes combats, mes batailles
De compter mes lauriers, de ranger mes médailles,
Avant la solitude, le retrait calculé,
Je veux briser ma montre, ôter mes barbelés.
Je veux vivre sans temps, pour mieux vivre mon temps,
Saboter les routines, piller les protocoles,
Sabrer toutes les chartes, casser les règlements,
Je veux mourir vivant et non dans le formol…
Avant ce coup de vieux, ce gros coup de grisou
Qui tuerait mes envies et mes dernières canines,
Je ferais mieux encore, j’agirais sans tabou,
Je vivrais sans sacré, sans règles, sans discipline.
Je ne veux rien savoir, je ne veux rien comprendre,
Je veux continuer, à tout voir, tout apprendre,
Il sera toujours temps, et jamais assez tard
D’ouvrir la dernière porte, de fermer mon regard.
Je ne veux plus subir et ne plus m’informer
De ce que nous assènent à longueur de journée
Ces journalistes haineux, sans scrupules ni raison
Qui imposent leur charia… la désinformation.
Je voudrais voyager, partir à l’étranger,
Chercher de nouveaux ports, les trouver, me tromper,
Parler aux Arawaks au bord du Maroni,
Manger la Cazuela dans un bar du Chili.
A l’automne de ma vie, je veux apprendre à vivre,
Naviguer dans les mers, sur de grands bateaux ivres,
Quitter la frénésie et les routes nationales
Tomber dans l’amnésie et vivre en marginal…
