Les années ont creusé des traits sur son visage C'est devenu une vieille dame sage Qui parfois repense à son très lointain passé En marchant dans cette gare désaffectée.
Elle pense aux trains qui aurait pu l'emmener Vers d'autres rivages et bien d'autres contrées Que ceux de cette ville qui meurt peu à peu Ou les jeunes partent, ne laissant que les vieux.
Les usines des alentours sont muettes Ont fermé leurs portes depuis belle lurette On n'y voit plus passer la masse des ouvriers Qui sortaient ou entraient par les grilles rouillées.
On ne cultive plus les champs des environs Les paysans les ont laissés à l'abandon Et ils sont aussi partis travailler ailleurs En espérant trouver là-bas des jours meilleurs.
La vieille dame est assise sur un banc Elle regarde s'écouler ce foutu temps Qui continue à détruire tous ses repères Dans cette vieille ville au bord de la mer.
De son passé il ne reste que des miettes Que des anciennes photos jaunies sans sa tête Et des noms dans un cimetière défraîchis Symboles de ce que fut ici la vie.