Euphorie étrange que celle de se dissoudre, Tomber brutalement dans l’abysse de l’inconscience, Se sentir fondre comme broyé par la foudre, Se perdre dans soi même comme dans un champ immense....
De mon être, soudain, un doute troublant jaillit, Bouleversant l’équilibre d’une raison éduquée : « Plus rien n’est réel ni concret dans l’infini ! Les cruelles vérités ne sont qu’illusions brisées ! »
Alors sur l’autel du passé j’offre mon présent, Le don d’un cœur troublé, ancré aux certitudes, A leurs camouflages obscurs et parfois ballottants, Qui transcendent l’existence en une terrible solitude.
Je plonge pour un instant dans les eaux du néant, En quittant doucement un corps conçu de terre. Je plane vers un astre auréolé d’un noir brûlant, Qui attire dans son antre les victimes de la lumière.
Passé révolu? Une panoplie de souvenirs, Hantent mon âme de leurs cris incessants. Ma conscience impuissante tente pourtant de les bannir, Ces réminiscences refoulées et leurs hurlements puissants!
Englouti finalement dans le trou de la folie, L’angoisse réveille d’un choc des espérances cachées. Morts mes sentiments ressuscitent et puis s’enfuient, Vers la surface brumeuse de mon esprit traumatisé.