Puis un autre décor s’offre en vision vitale, Un univers inédit et pourtant limitrophe A ce bazar de misère contagieuse et fatale D’où je viens de m’extraire en toute catastrophe. Une rue en tourbillon : Que d’ombres en cavale Puis un passage accueillant, ouverture encensée Où je rentre ! C’est un palais doré en cristal A l’atmosphère chaleureuse et aux rideaux brodés. Un nid de clarté ! Les murs et plafonds brillent Et les parois désinfectés aiguillent les hautes castes. C’est un monde réservé aux esprits anoblis Des strates supérieures dans la hiérarchie des classes. Quel contraste ! Les clameurs brouillonnes ont fondues En un bourdonnement bourgeois de murmures frétillants Mais futiles ! Et les mots qui sont ici entendus Se rassemblent en sons étoffés et lassants. C’est une ruche préservée pour l’hélium des masses, Pour les essaims présomptueux, amis des richesses ; On y garde soigneusement des parcelles d’espace Pour la gestion précieuse de leurs hautes espèces. Regardez les passer, arrogants et hautains ! (Mais leurs âmes sont vides !) Morts comme leurs ancêtres Ils défilent, conformistes, paons aux fronts d’airain, Se souciant seulement de l’aura du paraître ! Me regardant les regarder ils quémandent l’admiration. Sourires satisfaits ! Panoplies de parvenus ! Ils espèrent obtenir à leurs égos trop gloutons Une récompense de flatteries toujours plus accrues. Ils déambulent, droite, gauche, nobles, fiers, démonstratifs Exhibitionnistes en quête de parfums et soieries Pour gagner les envies et désirs sensitifs De sujets potentiels, de leur monde, bannis. Elles m’irritent, ces harmonies bien trop artificielles De ces lieux luxueux, sans âme, aux décors De prince ! Aux couleurs avenantes, fraternelles Qui attirent l’élite satisfaite de son sort. Pourtant leur monde est beau, parfait et splendide ! Le froid même est saccagé par son confort tangible C’est un cocon moelleux dans un pays humide, Un univers en soi où rien n’est impossible. Elle est ici la lumière ! Réussir, s’émanciper ! Pour pénétrer cette haute sphère tellement hermétique Il faut d’abord anéantir, pour ensuite accéder, Tout résidu témoignant d’un passé famélique. Car crédule fanatique, altruiste ou martyr, Rien de cela n’a de place dans cette plate-forme céleste. Et seule l’étoile pure a ici le droit de luire : L’astre déclinant étant laissé à son sort funeste.
Briller ou mourir ! Ce dilemme qui m’immole ! Décadence ou grandeur ! Cela ne mène à rien. Et c’est en contemplant cette ville étrange aux deux pôles Que j’ai perdu le sentiment d’être aussi un humain !