As-tu vu cette pluie rieuse qui ruisselle? Fuyant d’un ciel agonisant vers une mer agitée? Gaie et libre elle chante ses envies et joies si belles, Mais inconsciente elle renie d’un seul coup tout son passé.
Son évasion assombrit plaines et vallées colorées, Qui célèbrent le deuil du roi soleil perdu, Ce monarque victime qui a dû très loin s’exiler, Qui dans cette bataille céleste a dû s’avouer vaincu.
Maudite soit cette eau qui se réjouit du malheur Qu’elle cause en fuyant les hauteurs de sa demeure ! Egoïste eau limpide qui se baigne dans son bonheur Oubliant tout autre chose comme si elle avait noyé son Cœur !
2)
Me voici en cette nuit fouetté par cette pluie! Seul et isolé je me laisse par elle punir, Pour t’avoir tellement aimée, ô toi , ma douce amie, Qui a préféré un jour m’oublier et puis partir.
Va t en donc et laisses moi seul avec la pluie! Je communique avec elle en partageant ma douleur, Par ces larmes qui ne sont que de l’eau elles aussi, Afin que personne ne reconnaisse dans toutes ces gouttes mes Pleurs.
Ainsi tu me quittes comme la pluie quitte les cieux! Te plongeant corps et âme dans une liberté retrouvée. Mais entends-tu d’en haut éclater la colère des dieux? Ils souffrent comme je souffre de ne pouvoir te garder.
3)
Et la pluie ingrate fut sensible à toutes mes peines, Et je lui parlai longuement de ma triste solitude. Elle comprit que sans toi je ne serai jamais le même, Et touchée elle se repentit de sa propre attitude.
Et le ciel comblé retrouva sa bien aimée! Et un nouveau jour naquit dans un torrent de lumière. Attendri le monde entier leur envia cette douce paix, Qui réchauffait doucement les cœurs aigris et l’atmosphère.
4)
Moi seul ai fuit pour me mettre à l’ abri, Refusant à mon esprit ces réjouissances futiles. Je ne ressortirai que pour retrouver la belle pluie, Qui fut la maîtresse d’un soir de mon triste cœur fragile.