Il faisait doux dans la pénombre ! La lumière fut malvenue. Elle amputa mon côté sombre, Disséqua mon cœur à nu !
Adieu réconfort des ombres !
Cette aube fut celle d’une rude époque ! Désespoirs et trahisons ! Amours brisées sur les rocs Du lourd ennui des saisons Jouées sur des airs baroques.
Et à l’instar des aubes d’Afrique Où les rayons réveillent les lacs, Mon esprit, profonde crique Irrigué de lueurs opaques, Se couvrit d’algues telle l’Atlantique !
Je devins la mer des Sargasses Nappé de gluants mystères. Je monte parfois à ma surface Contempler les lointaines terres Avant de sombrer comme une masse.
Je ne suis qu’un ermite hermétique Dont la vie n’a pas de sens. Mes marées sont identiques A mes hautes tristesses immenses Et à mes basses joies rachitiques.
Mais puisque l’eau boit la lumière, Ne puis-je aussi boire de l’espoir ? Quand l’aurore rougit les terres Le ciel reflète tel un miroir Les feux des brûlantes mers.
Je voudrais être mon fou fidèle ! Soigner la transe de chaque réveil, Aiguiser mes lames à l’écume frêle, Que chaque vague soit une merveille De corail aux éclats de sel !
Puis il fera doux dans la lumière ! Toutes les noires ombres malvenues De leurs brumes de mystère Ne voileront plus mes eaux émues !