Sur un noir sol jonchent deux sanglantes mains Qui rampent, misérables, sur les traces de Caïn, Laissant derrière elles deux bracelets argentés De saphirs, d’émeraudes, aux contours oxydés.
Ton splendide corps nu portait seul ces joyaux Quand, Ô Bath Shéba, tu te baignas dans l’eau Offrant, adultère, tes charmes maudits. Telle une mère qui enfante, tu poussais des cris
De luxure ! Le Roi paya cher cet outrage ; Du palais sur Judée s’abattirent des ravages ! Et tes bracelets, Bath Shéba, tes poignets broyèrent ! Tes mains, cisaillées, heurtèrent la poussière !
Que valent la jouissance et le plaisir qui damnent ? Que vaut un péché si on le paie de son âme ? Revêts-toi, Bath Shéba, de tes habits de Reine Et pleure à jamais l’amertume de tes peines !