Voici doucement monter une odeur familière... Un orage d’argent sur des couches de poussière ! Un déluge achevant une orgie de sécheresse Dont les odeurs suffocantes évoquent la détresse D’une mère sacrifiant toutes ses semences vives Pour que jaillisse la vie de ses plaines maladives !
Voici que l’eau lacère le sol sec et poudreux Dont les crevasses s’effondrent en des cratères poreux D’où s’écoule, boueux, le sang si prospère Des veines crevées et fécondes de la terre. Ce vif flux organique, grumeleux et parfait S’étala telle une onction de fertilité !
Alors ces nappes frénétiques, coulant et coulant encore, Ressuscitèrent le monde et son immense corps. Et les effluves rouillés se figèrent en extases Tandis que fleurirent d’étranges métastases.
Puis aux premiers rayons d’une aurore inédite Parée de gouttelettes la nature resplendit Puis s’éleva, irriguée par cette passion nouvelle, Sonnant sa beauté fraîche aux timbres irréels.
Cette odeur si familière autrefois fut la mienne, Celle de mon cœur blessé et séché par la peine Lorsqu’un amour inespéré en chassa l’aridité Inondant d’allégresse mon âme desséchée.