Le Lion, autrefois maître des animaux Est mort ! Ses serviteurs l’ont tué ! Cette triste nouvelle révèle cent maux Dont la succession du suzerain aimé. Nul ne se fait prier et tous accourent Pour reprendre le lourd fardeau du défunt. Mille plaidoiries sont faites mais en vain. L’Aigle fit un discours sans détours : « Mes chers amis je ne me présente devant vous Que pour évoquer l’agréable vérité. Je propose et conçoit un monde de volupté. Si notre peuple est un bateau, que l’art soit notre proue La culture notre voile, Et notre savoir sans égal. Si vous m’honorez de la responsabilité De vous guider, je jure devant Dieu De ne valoriser que la Beauté ! » La réponse ne fut qu’un silence harmonieux ! Le Renard y vit sa chance et dit : « Eh, voilà bien de sottes paroles de votre part, En quoi nous importe donc l’Art ? De la culture, faisons fi. Consacrons nos efforts à ce qui rapporte ; Développons la Science ; Utilisons sa puissance ; Que tous craignent nos cohortes. Que notre peuple ne soit pas cultivé mais savant Ainsi notre empire durera cent ans, On n’oubliera jamais notre histoire Et éternellement vive sera notre mémoire. » A ces mots ; la liesse éclata Tous le voulaient pour maître et seigneur Car aucun ne voulait qu’un jour on les oublia Alors ils criaient avec ferveur : « Le Lion est mort. Vive le Renard » Cent ans se sont écoulés Nul n’a souvenance de cet empire Mais personne n’a oublié Shakespeare.
Voyez, ne vous laissez pas par la Science dominer. De formules ne soyez pas songeurs. L’Histoire se rappelle des penseurs.