Intouchables
Ils n'ont rien en commun, un prince et un voleur,
Et pourtant le destin, qui a choisi son heure,
Voudra les rassembler, au gré de son humeur.
L'un vit au jour le jour,
De petits expédients, de larcins en magouilles,
Il vole plus qu'il ne gagne son pain dans la débrouille.
Vers lui des mains se tendent, ses amis sont légions,
Comme lui ils n'ont rien, mais peuvent-ils au moins,
Le partager ensemble sans aucune façon !
Pour aggraver son cas, dans ce pays qui croit,
Que la pâleur du teint vous donne tous les droits,
Il est d'un noir d'ébène, mais n'en porte pas peine,
Naviguant vers demain, confiant en ses desseins,
Cet être lumineux a le don d'être heureux.
L'autre semblait tout avoir l'argent et le pouvoir,
Le teint pâle et l'amour qui enchantaient ses jours.
Mais à trop posséder, il arrive souvent,
Que le désir devienne toujours plus exigeant.
Pour atteindre le ciel, il s'est brûlé les ailes,
Et doit vivre sa vie de son fauteuil au lit,
Il a besoin des autres, ils sont ses bras, ses jambes,
Savent-ils rire ensemble ? Sont-ils ses amis,
Non brave dame pitié les nomment «asservis»
Ils vont se rencontrer, apprendre l'un de l'autre,
Se vêtir tour à tour du maître et de l'apôtre,
Et celui qui n'a rien par son humanité,
Ouvrira le chemin d'une autre liberté,
A cet être si seul qui meurt à petit feu,
D'oublier ces deux mots merveilleux : être deux.
