Je suis île sauvage et solitaire Habitée des soupirs de l'attente Point infime perdu dans les vastes abîmes des océans rageurs En butte aux assauts répétés des ressacs, Mes pensées emmêlées s'échouent sur le rivage Et s'enlisent dans l'opacité du sable noir. Parfois je tresse, en forme d'ailes d'oiseaux, Les roseaux de la dune, Pour qu'ils emportent au loin mes vagues d'amertume. Immobile, en quête de vaines attentes, Sous l'ombre ricaneuse du spectre de la lune, Frissonnant sous le harcèlement du vent, J'attends; J'attends l'improbable, l'impossible. Je suis attente, Je suis intense désir: Désir insensé que vibre l'écho tendre d'une voix familière Que mes yeux s'ouvrent à la caresse de son regard; Insoutenable désir de ce marin, cet amant infidèle, Désir qu'il revienne accoster sur la peau avide de mon corps S'amarrer au port assoiffé de mon âme.