Quand je fredonne la chanson Que vous ne pouvez pas connaître, Un douloureux et long frisson Vient se répandre dans mon être. On dit qu’avant de disparaître, Ma mère, au coeur de troubadour, Chantait cet air qui me vit naître : " Dans les yeux clairs de mon amour ".
Puis l’on raconte qu’un pinson Du jardin s’était rendu maître ; De ses trilles faisant moisson Mon père avait semblé renaître, Au piano venant se mettre Pour jouer dès le petit jour, Les yeux tournés vers la fenêtre, " Dans les yeux clairs de mon amour ".
La vie a-t-elle sa leçon Au bas d’une invisible lettre Pour les âmes à l’unisson Que le souvenir enchevêtre ? Sereine, avant de se soumettre A la douleur du non-retour, Mon âme saura se repaître Dans les yeux clairs de mon amour !
ENVOI
Chers défunts ! puissiez-vous paraître, Escortés par l’ange au tambour De votre berceuse champêtre " Dans les yeux clairs de mon amour ".