La rue est corne d’abondance : Il y a du bruit et du silence, Du chic, du bon ton, de l’outrance, Du tout-venant, de l’élégance, Des pas assurés, des errances... Et le soir des lumières y dansent. Il y a de tout quand on y pense !
La rue, c’est une misérable Où certains pour garnir leur table Doivent y faire le pied de grue Quand le malheur tombe trop dru.
La rue, c’est l’auberge du pauvre Qui trouve un peu à se nourrir Dans les poubelles, et pour dormir Il s’y bricole un coin d’alcôve.
La rue est permanent théâtre, Lieu de pièces inattendues Pour observer ou pour débattre Avec des acteurs inconnus.
La rue est le lieu de passage Obligé pour tous, forcément, Sans distinction de sexe ou d’âge, Qui nous appartient un moment.
La rue, c’est la cour des miracles Où tout se trouve, où tout se perd. Il y a du soleil et des flaques... C’est un véritable univers Qui s’arpente inlassablement, Par le beau et le mauvais temps, Par les hivers et les printemps, Et qui attire comme un aimant.