Que reste-t-il à dire ô Homme de toi-même Les mots ont-ils un sens encore ces vieux mots Dont le terme est proche comme le tien Homo Sapiens. Vous avez lancé vos derniers gemmes Sur le jour ébloui qui ne voit pas qu'il meurt.
Depuis longtemps n'est plus l'étoile au ciel brillant Que nous vivons au fard de son feu flamboyant. Déjà dans le lointain s'éteint notre rumeur. Nous allons retourner à l'immense océan De la nuit abyssale qui crée et reprend Dans la vague incessante de son mouvement Monotone alternant la vie et le néant.
D'autres après nous viendront. Auront-ils des yeux neufs Où seront-ils aussi courbés par le passé Comme nous portant trop de siècles dépassés Et qui de tant d’espoirs sommes devenus veufs ?
Les jours accumulés l'horreur de cette masse Sanglante et déchirée drapeau rouge à la face Innocente du Temps laisseront-ils la trace Inexpiable du Crime que rien n'efface ?
Qui le sait… -Nous sombrons. Et la vaste crevasse Où se sont engouffrées les civilisations Recevra aussi bien nos fautes que nos noms Dans l'impassible oubli des éternelles glaces.
Chaque instant qui pesait dans le vivant Présent Sera légère écume et jeu de l'océan Monotone mêlant son incessante vague Aux passagères brumes que le vent élague…