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Maryse GEVAUDAN
Elle était fort déshabillée etc. (Rimbaud : Première soirée)
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Maryse GEVAUDAN
Elle était fort déshabillée etc. (Rimbaud : Première soirée)
Elle était fort désagréable
Et de ses longs ongles nacrés
Sans répit martelait la table
Malinement, exprès, exprès...
Prise d’un bel accès de rage
Elle brandit soudain le poing.
Sur le plancher, à grand tapage,
Ses pieds ne s’agitaient pas moins.
Je la giflai. –Douceur de dire
Que ce fut sans aucun regret,
Car naturellement son ire
Fortifia de cet engrais.
Je mordis ses grasse chevilles :
Elle émit le cri guttural
D’un rude animal qu’on étrille,
Le méchant rire d’un cheval !
Ses orteils, hors des escarpins,
Jaillirent : « attends, toi, tu vas voir… ! »
Et riposta par un parpaing
Dont mon œil est encore tout noir.
Juste à la portée de ma lèvre
Je lui crachai droit dans les yeux !
Secouant la tête avec fièvre
Elle s’écria « oh nom de dieu !
Salaud ! J’ai deux mots à te dire !»
Je la fis taire d’un seul coup
En étreignant, dans un sourire,
Avec mes larges mains, son cou.
- Elle était fort cadavérique
Et ses très longs ongles nacrés
Pointaient d’une façon comique
Vers l’au-delà et ses secrets.
(Dernière soirée)