Ecrire comme un Aragon Comme un sablier qui dévide Un à un ses jours pleins et vides Entre le pire et le moins bon Et l'amour pour qui je soupire Et tout ce que je voudrais dire Tenir dans mes mains d’Harpagon Et l’or des fièvres et les délires Les chagrins de marbre et de plomb Tout ce qui se fane et se ride En tombant dans le puits sans fond De l'oubli car le plus terrible Est qu'on ne sait plus les leçons Que la vie nous avait apprises Puis qui s'envolent comme brise Emportant jusqu'à la chemise De celui qui n'eut jamais rien Et perdit son ultime bien
Je reste assis devant la table Où le banquet passe et défile Combien faut-il de grains de sable -mais que ce calcul est futile Je m'en irai qu'il pleuve ou vente Et dans ce monde qui invente Un jour nouveau à chaque jour Il me faudra suivre à rebours Le dur chemin de la descente J'ai tant vécu et c'est pourtant Un crève-coeur que tout ce temps Enclos dans ma seule mémoire Verra un terme à son histoire Quand je mourrai les pieds devant
Que m'importent le jour et l'heure Puisque je ne les connais pas Il faut juste avant que je meure Habiter chacun de mes pas Que chaque instant soit ma demeure, Chaque seconde mon repas Et qu'en partant pour le trépas J'aie vraiment su que le bonheur Ce fut ici et non là-bas.