Enfant petite tu cueillais Des souvenirs de bien plus tard Lorsque naïve tu sans fard Croyais la vie démaquillée A l'ombre des promesses tendres Aux beaux fruits lourds de jus doré Qui généreux te donneraient Leurs bonheurs à ne plus en prendre. Et puis te voici maintenant Si vieille après les chauds espoirs Qui doucement soir suivant soir Ont fui plus rien ne les tenant Dans le calme des jours égaux Dans l'ennui vague des routines Où se fondent les belles mines Et la volonté des égo Que ne viendront plus colorer L'illusion candide d'antan Ni la foi en de meilleurs temps. Tous ces édens évaporés Te tenaient-ils lieu de demeure ? Très chers m'étiez-vous, souvenirs Encore plus qu'eux, l'avenir, Mais ces deux-là n'étaient que leurre. Oui dans chaque occupation morne Où s'emploie le corps machinal ça ne lui fait presque plus mal à force de cogner ses bornes. Et l'amour si je m'en souviens Etait le centre souverain De tous les possibles -or je crains De plus savoir ce qu'il devient Comme tout ce qui disparaît Dans les mailles de la vie lâche Et qu'on voit sombrer sans qu'on sache Retenir, si même on voudrait... Et puis la nuit et puis une aube Encore vient solliciter L'être en nous qui veut exister Malgré le sens qui se dérobe.