Je suis belle, ô Mortels, comme un rêve de pierre (*) Mon corps est lisse et dur des cheveux jusqu’aux pieds Plus aucune larme sourdra de ma paupière Et à mes seins vous briserez votre dentier
On ne verra plus la hideuse cellulite Frissonner aux contours d'une cuisse dodue Ni de volumineuse fesse qui s'abrite Plus ou moins bien sous un habit par trop tendu
J’arborerai toujours un sourire immuable Comme celui du Sphynx aux pommettes étirées Et tel qu’en me voyant, nombre de vous direz :
Est-elle femme humaine ou plutôt une fable ? Elle est vivante et pourtant elle est embaumée Et vieille elle a vécu plus qu'a vécu Mémée.(**)
(*) Baudelaire (La Beauté -Spleen et Idéal) (**)"Et rose elle a vécu ce que vivent les roses"-Malherbe