Je cueille les saisons en ramassant les feuilles éparses dans les rues que le vent a semées, Des vives du printemps, ces fragiles camées, Aux sèches de l’automne formant sur la chaussée Un chatoyant tapis, fauves et rousses feuilles Qui craquent et tournoient et se mettent à danser Une dernière fois comme en salut au seuil De l’hiver avant qu’il les fige de son deuil.
Belles feuilles tombées et que je pris avant Que vous ne deveniez grain de poussière au vent, Vous irez reposer dans mes livres à jamais, Tendre feuille embaumée dans la feuille imprimée, Et quand au fil des pages je vous trouverai, Vestige conservé des saisons éphémères, C’est leur éclat entier que vous restituerez Par votre exhalaison délicate et légère.