Il y eut dans le métro Des affiches en certain nombre Pour célébrer –mais sans trop L’anniversaire de l’Hombre -sans trop, car l’Exposition, ça se voyait sur l’affiche, étalait des contradictions étonnantes –je t’en fiche ! Parce que cet iconoclaste Au magnifique intellect Avait l’humanité vaste, Donc forcément incorrect Du point de vue politique, Et il était vicelard Femmes tabac et pinard Puis, il aimait pas les flics Mais ce qui gênait surtout Bien visible à la photo C’était la clope qu’au bout Du doigt Sartre exhibait haut Cette cigarette honnie N’a pas le droit aux honneurs Tranche avec acrimonie Brave Monsieur-le-Censeur Faisant lors ni un ni deux Le fonctionnaire zélé Coupe le mégot douteux Laissant la main s’envoler Et c’est pourquoi sur l’affiche Sartre arbore un air bizarre L’air de dire « mais où niche Donc mon fidèle pétard ?! » Car pour sûr Sartre sans clope N’existe pas sur photo Toujours il porte à la lippe Ou à la main ce pipeau ! Curieux que pour un hommage On travestisse le vrai Ça rappelle les truquages Des Staliniens qui sabraient… Un matin j’en ai eu marre Passant par là tous les jours De voir Sartre l’air hagard Sans sa cigarette d’amour. Et d’un trait de craie qui venge J’ai formé sur les photos Une jolie cibich’ blanche Aux volutes jusqu’en haut. Lorsque j’en eus tracé trente -c’était le nombre de portraits Sartre n’avait plus l’air niais Et moi j’étais bien contente.
15 novembre 2006 (Exposition pour le 100ème anniversairre de JPS)