Entrant un matin dans un café au hasard Je fus pris dans les rets d'un subtil traquenard :
Il y avait au bar une jeune géante Les grands cheveux ceints d'une barrette olympienne Et le regard lointain des statues atalantes Semblant dévisager l'éternité ancienne.
On aurait dit devant sa stature étonnante Voir une souveraine du haut de son trône Dont la calme énergie se répand et aimante Tout ce qu’autour reçoit de ce flux qui rayonne.
Ses gestes mesurés ralentissaient le temps Tout se suspendait à ses amples mouvements Et tous nous étions là suspendus en attente,
Comme les créatures qu’un divin inspir Fait naître et disparaître dans un seul soupir. Ainsi dépendions-nous de la jeune géante.
Soudain sentant le charme qui nous retenait Sous la coupe de son imposante présence Qu’elle faisait régner malgré elle, je pense,
Elle eut un maladroit sourire un peu gêné Et lança quelques mots d'un ton plat et navrant Renvoyant ce faisant aussitôt au néant Le précieux instant qui nous emprisonnait.
Tout s'anima d'un coup, les discussions reprirent, La vie avait repris son cours accéléré, Le divin après tout n'avait rien effleuré, Et j'en vis même qui se permettaient d'en rire.