Des amphores sombrées au noir des océans, Des cassettes celées de manoirs écroulés, De jarres esseulées en des jardins d'antan Et d'urnes enterrées sous des sols désolés...
...De ces vestiges pleins d'un autrefois perdu Que les siècles immobiles ont recouvert d'oubli, Ce soir j'exhumerai l'essence ensevelie De leurs ailleurs lointains aux secrets disparus.
Je descellerai seul ces vases symboliques Où gisent, engloutis, tous les rêves défunts D'une planète morte au sens du fantastique Et qui n'a plus pour moi ni charme ni parfum.
Je ressusciterai les nards aromatiques, Les pourpres et les ors et les riches couleurs, Les benjoins, les nectars aux senteurs balsamiques, Les satins et les soies, les velours, les splendeurs...
Puis je mourrai, d'un coup, à ma vie sans saveur Et blême, Comme une fleur coupée s'exhale en son odeur Suprême.