Hier le soleil naissant était chargé d’haleines Tièdes comme une main amie frôlant ma joue Et dans le bruissement de l’heure matinale Silencieusement et éveillée à peine Je suis allée cueillir au grand jour déjà roux Le fruit de l’été neuf que chantaient les cigales.
L’herbe sous mon pied nu était humide encore Légère à ma foulée la première fraîcheur De la terre inviolée qui naît chaque matin Avant que son étreinte à midi l’évapore. Heureuse j’ai couru dans l’infinie douceur De l’air comme un baiser chaste et beau sur mon sein.
J’ai ôté mon bandeau ma tunique ô Nature Et t’ai abandonné mon jeune corps offert A l’alliance triple de tes éléments Qui sont entrés en moi me laissant vierge et pure Et pleine d’une joie tout inondant ma chair Et dans mon âme un inconnu ravissement.
Adieu ! Je m’en vais désormais et à toujours recluse Au temple d’Athénée y prononcer mes vœux. Enfant je fus promise à la Divinité Qui sera maître d’une vie qu’on me refuse. C’est aujourd’hui que sur mon front le voile pieux Me couvrira d’une éternelle obscurité. Adieu !