Tout ce temps que la vie nous apporte en cadeau, C’est malheureusement souvent en dernière heure Qu’avant de s’en aller en tirant le rideau On se rend pleinement compte de sa valeur...
Le nourrisson bébé dans son apprentissage N’a strictement aucune idée de ce que c’est, Les premières années voient défiler des âges Qui requièrent du temps pour savoir ce qu’on sait.
Le jeune enfant insouciant de l’âge d’or Lui, commence à s’en faire une petite idée, Croyant tout simplement qu’il n’est pas quand il dort Puisque le jeu est toute son éternité.
En revanche, plus tard, il éprouve le temps Qui passe toujours trop lentement à son gré Et il a souvent hâte de « devenir grand » Pour se projeter dans l’avenir qu’il se crée.
Mais le temps continue à prendre tout son temps Fonctionnant peu ou prou en tournant en roue libre Jusque vers les trente ans, où soudain les printemps Paraissent d’un seul coup comme en déséquilibre.
C’est que tout doucement et insensiblement Le temps qui au début paraissait immobile S’est mis inexorablement en mouvement : Partis à pied, nous voilà en automobile !
Quarante ans, cinquante ans, soixante, soixante-dix... Chaque fois un peu plus la vitesse accélère Jusqu’à nous faire accroire que les décennies Ont duré tout autant qu’un seul anniversaire.
Et un jour on comprend que le don merveilleux, Le somptueux cadeau que nous offrit la vie, C’était le temps, ce qu’entre-temps devenu vieux, On chérit d’autant plus qu'il nous sera ravi.