Il était un roi de Thulé A la vieille tête fêlée Depuis que l’épouse infidèle En le quittant ne laissa d’elle Qu’un gobelet tout cabossé.
Le roi ne pouvait s’en passer Et tant remplissait sa timbale Pour oublier sa conjugale De vins, liqueurs - est-ce que je sais Qu’il perdait vraiment les pédales.
Un soir qu’il avait trop forcé La dose de son gobelet, Lubie le prend de renoncer A son trône et à son palais Bref à tout, sauf son sacré vase.
Il s’assoit, complètement nase, Sur le siège de ses aïeux Or ça mandant à grande emphase Qu’on fasse ici venir ses preux Pour sa cérémonie d’adieux.
Là préside le vieux soiffard A une ultime beuverie Avec sa bande de fêtards Jusqu’à ce qu’il n’y ait rien à boire Au fond de sa coupe chérie.
Le roi regarde sa timbale A sec d’un air de désespoir L’embrasse, lui dit au revoir Puis, l’œil mouillé et les traits pâles, La jette à l’eau –il était noir.