Les filaos penchés au bord de la lagune Lentement balancés au vent tiède du soir Projettent obscurément sur l’eau profonde et brune Les reflets frissonnants de leur feuillage noir Que nacre vaguement un blanc rayon de lune.
Un silence incertain plane dans le ciel bas Où les nuages lourds d’une pluie tropicale Pesamment suspendue et qui soudain s’abat Et crève d’un torrent les nues pyramidales Assourdissent les cris des fauves en leurs ébats.
Une nuit primitive investit le lagon… Des grands singes hurleurs l’appel fantomatique S’étire dans le vent en râles sourds et longs. L’ombre opaque se cloue du faisceau fantastique D’un œil phosphorescent dans le noir d’un buisson Et le ricanement d’un chacal erratique Déchire soudain l’air d’un sinistre frisson…
… Et les grands filaos penchés sur la lagune Courbent un peu plus bas leurs ligneux filaments…