Prenez des mots, mettez-les bout à bout Sans vous préoccuper du choix des rimes Et naturellement formez des phrases Dont il faudra, pour faire un couplet, six, Lequel sera suivi de cinq encore Pour réussir une bonne Sextine.
Or il ne suffit pas du nombre six Ni d'aligner n'importe quelle phrase Pour qu'aussi sec l'on ait une Sextine Accommodée qui se tienne debout : En effet, si nul n'est besoin de rime, Il faut un ingrédient plus fin encore.
Le voici : l'affaire est qu'à chaque bout De vers, vous placiez non point une rime Mais l'un des mots qui terminent les six Utilisés dans vos premières phrases Et répétiez ce mot toujours, encore, Jusqu'à épuisement de la Sextine.
Ce procédé, qui supprime la rime, Apparemment est assez simple. Encore Faut-il savoir dérouler la Sextine Harmonieusement de bout en bout Sans s'essouffler au fil de chaque phrase Avant la fin des strophes (elles sont six).
Quel intérêt, me dites-vous, au bout Du compte, de faire ceci sans rime Ni raison autre que le chiffre six ? Je vous réponds : Et pourquoi la Sextine Vous devrait-elle quelque chose ?! Les phrases Sont toujours –ah ça mais !- gratis encore !
En tout cas, vous aurez de la Sextine Le maniement expliqué jusqu'au bout. Ceci sera l'avant-dernière phrase De mes couplets car celui-là fait six Qui, au total, vous donnent trente-six rimes… - Et vous ne seriez pas contents encore...!
Eh bien, j'ajouterai encore six (pour la beauté du geste) rimes à mes phrases, Marquant ainsi le bout de la Sextine.