Les troquets maintenant ça fait propret et drôle : Vus de l’extérieur à travers les vitres claires Sans la fumée pour faire écran à la lumière, Les clients ont un air d’ennui devant leurs verres Et, le visage empreint de mélancolie molle, Ressemblent à des acteurs ayant perdu leur rôle.
Il manque quelque chose. On dirait de dehors Que ce monde au comptoir n’est pas tout à fait vrai ; C’est une animation, un geste, un attrait Qui font défaut à la parole et au corps Rendant assez figés ces gens-là. Vu de près, L’ensemble paraît un spectacle à peu près mort.
Peut-être. Cependant ce qui me plaisait tant Dans l’ambiance embrumée des bistroquets d’antan, C’était justement l’intimité sans manière Semblant flotter dans les bouffées d’Amsterdamer Qui donnait sa saveur spéciale aux choses, au temps -Et le p’tit noir tout seul a un goût bien amer.
Franchement c’était mieux quand y avait la fumée On respirait moins bien mais au moins l’on vivait (et puis on ira tous au cimetière…) Mais Si l’on peut désormais à pleins poumons humer L’atmosphère assainie et peu conviviale, Il reste –Dieu merci ! nos maladies mentales…