Eva, Je m’en souviens. Viens La-dessous, je te la conte Tant qu’on est là. C’était une femme affamée De tant d’amants Qu’elle aimantait, Ne mentant jamais… Mais jadis, qu’elle était jolie (quel été !…) Quoi qu’assez figée au lit, Statue de marbre affligée -mais quoi… ça t’tue, des larmes ! Car elle eut la vie rosse, Eva, Des varices, Quelques virus Et trop connu La dévoreuse Avarice. -Mais elle n’était pas triste, Eva, Non, heureuse Plutôt, ignorant les vices Et, ma foi, plutôt ravie, Malgré la cerise de sa vie Qu’elle lavait parfois dans un aquavit à l’eau-de-vie de brume (moi j’aurais eu le Bourbon de ce guignon !). Elle gardait un sourire évasif, Comme un fou-rire défensif, Un peu hagard, qu’elle dardait à tout hasard à tous égards. Bref, elle était un peu la mère Des tendresses furtives Ah elle était un peu là ! Eva, Notre Mère des Ave.
La vile vie la lessiva. La ville vit ; là, laisse Eva. Elle est mieux où elle est, Eva, Qui, sans laisse, ailée, à Dieu va.