« mon enfant…donne-moi la main… Laisse pousser dans ma main ta main redevenue simple » Aimé Césaire
Et s’allongent les eaux enfermées Dans l’estran orienté plein nord Et s’entrecroisent les friselis Et se démêlent les miroirs imparfaits Cernés de mouvements opposés Mésalliances aux reflets de pins Joueuses et noueuses, omnivores Que je voudrais saupoudrer d’orpiment Pour mieux en suivre les traces. Les courants s’affrontent-là Où les reflets vert de gris sont assombris De virgules furtives, encrées à la Manche, Lues à la longue vue de la cité corsaire Ponctuées de disparitions éphémères Pour mieux renaître et enchâsser la liberté. Spectacle babélesque du grand large! Et le barrage des hommes n’y change rien ! Le point n’altère pas la virgule… Ces eaux remuantes ont soif De chamailleries adolescentes De l’intranquillité séductrice Des hommes et des femmes De l’étourdissement du soleil Ecrivant en virgules d’or Des enluminures d’amour Poésie ventée d’alizés Revigorant les sarments d’hier ; Ceux qui nous menaient vers aujourd’hui Ceux qui nous faisaient oublier le temps Et ceux qui nous éloignaient de demain !
A l’âme marine... eaux septentrionales Vagabondes et claires, profondes et noires Tournées vers les terres d’Ecosse et d’Irlande Portent un sloop barré par deux jeunes gens Dont je veux croire à leur sollicitude Qu’ils s’aimeront longtemps !