Un par un les vieux bateaux Ramènent péniblement au port En fendant doucement les flots Leurs ventres gonflés de trésors
Soieries aux couleurs chatoyantes Epices et pierres précieuses Se déversent sur la terre brûlante Aux pieds de ces femmes aux joues creuses
Elles dédaignent ces objets luxueux Qui ne leur sont pas destinés Nombre d'entre elles cherchent de leurs yeux Le père, le mari ou le fils que le vent a dû ramener
Elles savent déjà que beaucoup de marins Ne sont pas revenus Le bout du monde est bien trop lointain Pour que tous aient survécus
Mais ceux qui descendent de ces navires dérisoires Sont pâles et usés Les femmes ne vont entrevoir Que l'ombre des hommes de leur passé.