Vaguement je commence l'existence d'un recueil Qui flétrira un jour sous mon triste cercueil. La pointe gémit, crisse et pleure sur la feuille De sa simple existence elle semble faire le deuil. Tandis qu'au creux des reins se consume lentement Le peu d'espoir qui reste comme la vigne au sarment, Des filaments d'idées noires me parcourent La nuit s'est revêtue de ses plus beaux atours. Savante chimiste de mon état maladif, Consoleuse des affligés, Mère des dépressifs Prends moi ô Douleur, prends mon être chétif Sous ton aile noire étends-le sur la braise Toi la Déesse Rouge pousse moi de la falaise ; Afin que dans l'éther je plane un moment Avant d'aller finir parmi les ossements De tes autres fils. Et que je m'étale sans bruit Au milieu des cailloux et des cadavres pourris !