Il est de chastes mots que toujours l’on profane, J’en connais la splendeur et la gloire inutile, L’éloquence et l’horreur à jamais nous condamnent A mourir dans le noir et à vivre en exil.
Vos silences m’étouffent, vos paroles m’accablent, Sur les pierres de vos tombes, que le sang a souillé, S’inscrit en lettre d’or l’Evangile du Diable, C’est donc ça le pays des Bastilles tombées !
Perdue dans l’illusion d’une sombre démence, Que m’importe ces corps et ces ombres qui passent ? Je n’ai pour seul pardon que celui de l’errance, Je n’ai pour seule prison qu’un suaire de glace.
En ce monde brûlé, moi je tremble de froid, Les archanges se meurent sous l’empire des démons, Vous vivez par la haine, mais la haine n’attend pas, Quand votre heure sonnera, je n’aurai qu’un frisson.
Les blasphèmes me poussent vers les plus noirs abysses, Les secrets de mon âme ne peuvent plus me sauver, Je méprise la vertu comme j’aime le vice, Il est de chastes mots qu’on ne peut prononcer.