Sublime hérésie.
J’accepte de mourir si je meurs à tes pieds,
Les ronces de mon cœur, comme seule élégie,
T’ont toujours pardonné l’Inquisition innée
Qui a peinte à mes yeux ton ignoble effigie.
Mon regard presque éteint par le feu et le froid
A versé trop de pleurs sur ton corps endormi,
Gardes-les, par pitié, jusqu’à ce que tes doigts
Brûlent par les deux bouts ma sublime hérésie.
Je voudrais te haïr en gravissant les marches,
Que la Mort semble prés quand le ciel s’obscurcit !
Je ne crois pas au Graal, je ne crois pas à l’Arche,
Je sui née en chrétienne et je tombe en impie.
L’opium indésiré qui embrouilla mes sens
M’avait été donné par un homme indécis,
J’ai bu, sans le savoir, le fiel de l’Innocence,
Et mon nom, pour toujours, va sombrer dans l’Oubli.
Sorcière de Salem et reine de sabbat,
J’ai empêchait les Hommes, dans leur douce folie,
De prier pour un dieu que le Diable combat,
De prier pour un diable que leur Dieu a bénit.
Je me suis confessée au Gardien des deux Mondes,
Il m’a dit : « Qu’as-tu fait pour trépasser ainsi,
Qu’as-tu fait, ô serpent dont le cœur est immonde ?
-J’ai aimé » répondis-je. « Alors reste proscrit ».
Puisse t-Il me pardonner de t’avoir pris pour maître,
Je m’en vais éclairer ce qui fut votre nuit,
Le Mal a ses bûchers, la Torture a son prêtre,
Puisse t-il encore aimer mon âme endolorie.
Quand vint le moment où le bois fut embrasé,
La foule me blessa par l’horreur de ses cris,
Mon amour, tu as ri et puis tu as lancé :
« Puisses-tu être damnée ! » Et moi : « Je te maudis ! »
