Cascade
RIVIERE DES JOURS QUI COULENT, A TRENTE-NEUF ANS,
ET EN UN INSTANT L’ON BASCULE, JOURNEE PASSEE,
SUR LE VERSANT DE LA VIE QUE L’ON BAPTISE MATURE
EN CONSERVANT FIDELEMENT UNE PUBERTE ARRACHEE.
PAUPIERES MAQUILLEES, LEVRES CERCLEES DE POURPRE
LE MIROIR TE RENVOIE UNE IMAGE MENACEE
PAR LA FUITE DES JOURS ET LA COURSE DES ANS,
QUE LA CROISSANCE DES ENFANTS QUE TU AS BERCES, TE RAPPELLE
RUGIR CONTRE LE TEMPS, ET S’EPAULER D’AMOUR,
QUAND ON A QUARANTE ANS, ET L’ESPOIR DEVANT
C’EST CERTAINEMENT, ADOLESCENT, DIRE DEUX FOIS VINGT ANS,
OU, AVEC LES YEUX D’UN ENFANT, RIRE VINGT FOIS DEUX ANS ;
SEUL UN POETE, JUSTE PLUS JEUNE ET ENCORE AGILE,
PEUT SE GAUSSER EN VERS DES PREMIERES DECENNIES
IL LUI PLAIRA, FACE A LA VIE, D’ECRIRE UNE OEUVRE UTILE
ET DE GOUTER, SANS CRAINTE, AU PANIER DES ENVIES ;
CAR RESTE UN PAUVRE HERE,
LE BEL ESPRIT QUI N’A PU POSSEDER,
HORS LA CRITIQUE, LA JOIE DES ANS,
ET A CLAQUE TROP RAPIDEMENT LA PORTE DU PRINTEMPS.
FACE AU MONDE ET A SON CHAMP D’OMBRES,
JUSTE ECOUTER LE SEQUOIA, GARDIEN DU VENT, CENTENAIRE ET SAG
SUR LEQUEL GLISSE LE TEMPS ET L’ECHO DE LA VOIX DES AINES
TE CONFIER DE CAPTER PROMPTEMENT LE MIEL DES INSTANTS.