Dans le petit écrin serti de coquillages J'ai mis jour après jour mes précieux bisous. Bien souvent je les sors pour colorer mes joues... Pour me parer les sens aux souvenirs de vous. Des anciens les plus forts sont ceux de mon grand-père : Un relent de tabac, de vin mêlé de terre ; Puis ceux de ma grand-mère, appuyés, très sonores Qui vous lavent la peau d'un jus de pomme verte. Après viennent les brefs de "tonton la moustache" Pleins de guiliguilis qui vous font frissonner ; Ceux de tante Amélie avec leurs grosses traces Pour le milieu du front ou le lobe d'oreille. Mes soeurs les ont créés à chaque anniversaire ; Ils sentent la bougie et le gâteau crémeux Sans masquer pour autant l'odeur de savonnette. Bien sûr j'en ai beaucoup, des bisous de papa ! Frais de l'après rasage ils me piquent parfois Mais ravivent toujours ma confiance en moi. Maman sait fabriquer mes bisous préférés ; Ils changent suivant l'heure, ou le jour, ou l'endroit. Très nombreux au réveil ils picorent... m'agacent... Jusqu'à ce que je rie et me lève en chantant. A huit heures, un seul, un "énorme au revoir" Saura me rassurer tout le temps de l'école. Le plus tendre est celui du gros câlin du soir Car j'y puise le rêve et la sérénité. Depuis hier je détiens un joyau de baiser D'un tout nouvel élève... à qui je l'ai volé !