En jetant mon âme aux poissons du fleuve, J’avais évité moi aussi un massacre culturel !
La mémoire dans les profondeurs du temps Restait intacte par ce suicide D’une partie de moi-même...
La nourriture spirituelle Gavait ces gorges sans poumon !
Le courant tentait bien d’emporter cette âme Qui avait si joliment colorer l’eau Mais le fleuve s’accrochait aux racines éternelles.
Seule, sa folie remontait sur les berges, Le long des arbres et jusqu’à leurs cimes Pour enfin s’envoler vers d’autres destins Et se poser dans d’autres lits défaits Par la main d’un dompteur de cormorans Qui prélevaient dans le fleuve leur part de poèmes.
Le corps du poète noyé apparut Au milieu d’un désespoir qui coulait le long D’une calligraphie pleine de larmes Qui venait de cesser d’écrire la vie.
Le pêcheur de poésie ne savait pas lire ! Il jeta les feuillets à l’eau pour faire voyager La destinée éternelle d’un poète inconnu.