Au royaume des cajuns ; Quartier chaud et nuit moite : New Orleans ; Hôtel de passe enfumé : Bourbon Street. « Lucratori te salutant » S’exclame le costard élimé Surplombé d’un feutre mou. Le cigare s’évanouit entre deux rangées de dents Trop blanches, pour être honnêtes. Les bouffées s’échappent en volutes De ce sax suintant. Deux glass dry ; un bourbon ; Deux yeux secs et avides ; Deux pieds négligemment posés En grandes pompes mafieuses Sur le rebord d’un bureau pour parfaire le tableau. La voix du blanc, puissante, accentue les promesses Aux oreilles du jeune noir, le dénommé Sadness. Modestement assis sur une chaise à bascule, Il opine du chef, puis crache la fumée D’une cigarette roulée. « Sadness, ça fait trois ans déjà Que tu joues dans ce tripot minable Où l’alcool et les putes sont tes lots quotidiens ! Et cela pour combien ? Cinq malheureux dollars et une dose d’héroïne ! Je t’offre dix fois mieux : célébrité ; argent ; Champagne, femmes de luxe… Notre deal est d’Enfer ! Ça va rythmer ta vie comme un coup au poker ! Le Nord est ta seule chance ; Chicago…, tu verras ! » Plus bas, un bruit résonne ; un ivrogne se bat, Profère des jurons sexuels A l’encontre d’une poubelle, Puis tombe les bras en croix. « La solution est simple. Viens jammer avec moi ! Je suis Duc Hell In Town : Une goutte seulement et ton sang signera ! »