Il est un ruisseau, s’écoulant sur la peau Vers le nœud de la gorge, en la vallée profonde. La terre qu’on ensemence Voit naître nos souffrances, Fruits amers et avides de nos vies ignorantes. Les bonheurs fugitifs appellent un Infini Où se conjugueraient nos voix en l’Eternel. Fugaces sont les joies dans la Tristesse vermeille, Fusains de ces envies aux plaisirs qui se meurent. Les efforts passionnés tendent tous à disparaître, Dissolvant les désirs en fleurs d’Amertume. L’écume et les ressacs isolent au Désespoir Les îles dans leurs brumes ; aspects contradictoires. Les prismes de l’Aurore, arcs-en-ciel du matin, S’évanouissent en un puits, au couchant de nos soirs. L’Humaine Condition se nourrit de contrastes Qu’elle appose sans savoir sur les fleurs du souvenir. Ecloses ; parfums des roses ; Vives couleurs surannées ; en un vase fanées. Naissances, douleurs puis mort Ne sont que les maillons Emprisonnant l’esprit, sujet de ses passions. La Soif pousse l’Homme à boire ; La paume dans le ruisseau, Il ne voit que reflets, oublie le goût de l’eau. L’insouciante Nature est un Flux continu Ne s’attachant à rien, si ce n’est au Cosmos, Car sa conscience est Pure. Les larmes des cœurs meurtris S’écoulent sur les joues, sillons de nos malheurs. Les herbes du Jardin sont folles assurément ! Elles embrasent les déserts D’un feu ardent aux pierres arides…