Chahuté par l'onde d'une rivière Je croirai à un songe ridicule, Dans cette ivresse étrange et familière Je mourrai au milieu des renoncules.
Mon linceul à la surface de l'eau Sera bercé par les grands éphémères Qui écloront tout autour de ma chair En me chantant la forme du rondeau.
Je louerai les nymphes bordant les cœurs Pour tirer mon âme vers les abîmes Où des torrents sauvages offrent au pêcheur Des rimes embrassant son geste sublime.
Voilà, j'entame mon joyeux naufrage... Je prierai Pan dans ce dernier voyage En m'évadant chaque jour à la fraîche Sur les voies incertaines de la pêche.
Ne recherchez pas mon corps, la faucheuse L'a porté vers des gorges poissonneuses. J'ai lâché ma canne dans mon trépas, Dans ma chambre d'enfant rependez-la!
Une branche mystique de bambou Attend mon arrivée au paradis Comme un sabre légendaire et béni Dédié au plus assidu d'entre nous.