Il est un oiseau que la nature décore D'une vie discrète et d’un aimable labeur. De mes trente ans je ne dénigre pas le sort Mais faites-moi revivre dans ce beau percheur.
Merveille, aux voilures de turquoises brodées, Au ventre rougit par les couchants du soleil, Comme je voudrais passer ses instants posé Sur sa branche et dormant d’un insidieux sommeil…
Les jeunes vairons qui s’enhardissent dans l’onde Ignorent les desseins de son flegme trompeur Et quand l’un d’eux verra la surface du monde Il mourra, par le geste fatal de l’ardeur.
Poignard céleste, de Neptune l’arme secrète, Il crève l’eau sans jamais croire à la défaite Et plonge encore pour séduire sa mariée Ou pour nourrir les siens dans la niche étoilée.
Père, Il est un oiseau que la nature honore D'une vie singulière de pêche et d’amour. De mes trente ans je ne pense pas à la mort Mais faites-moi revivre dans son corps un jour.