Où es-tu chère poésie ? Où es-tu, ô toi mon vin généreux et pur de mon âme ? Pourquoi tu m’as quittée ? Où habites-tu et qui es-tu ?
Es-tu moi quand je deviens un enfant qui joue et s’amuse ? Es-tu présente quand les portes se ferment et absente quand tout s’ouvre ? Es-tu une image, un sentiment, un sommeil ou d’ardentes braises ? Qui es-tu chère poésie pour que je te désire ardemment comme si tu étais l’amour unique et le plus grand ? Serais je ton poème, serais-tu le mien ?
Tel que je le ressens, je suis la poésie, la larme, l’eau miroitante, l’univers. Alors qui es-tu chère poésie ? Es-tu un poème parmi les miens ? Ou une solution ontologique qui part et revient ? Es-tu pour l’âme la lune ou le tombeau ? Es-tu l’aube pour la goutte de rosée ou une goutte de larmes ?
Qui suis-je et qui es-tu chère poésie ? Pour qu’un matin tu sois une goutte d’eau Et moi la mer ? Et pour que le soir je devienne un grain de sable Et toi la fleur ? Qui es-tu chère poésie Pour que, chaque jour, j’agonise mille fois dans ton absence Comme un amoureux consumé par la dureté et la rupture ? Suis-je pour la mer le flux et toi le reflux ? Suis-je une présence et toi une absence ? Ou, du temps de la laideur, nous sommes tous les deux : Une beauté consumée par la défiance ?
Ne me quittes pas, ô chère poésie ! Ne sois pas infructueux, ô toi arbre de l’amour ! Redonne à mes yeux le chagrin des larmes Et la joie de la brillance. Viens m’assister, ô chère poésie, Si la grossièreté s’arrête dans mon gosier. Si les esprits n’arrivent pas à te concevoir, Sois pour moi l’asile. Et si la laideur cherche toujours à me nuire, Sois pour moi l’haleine.