Dans mon royaume Où l'humain est absent Où la beauté ultime Est l'unique couronne J'habite une maison Sans murs et sans adresse Que la nuit seule connaît Ma compagne muette Sereine et impassible M'y regarde flétrir Inexorablement Parfois elle me taquine En déchirant sa robe Avant la mort de l'ombre Bleue et grise de la nuit A l'aube qui revient Toujours indifférente Je dis mon impatience D'être enfin transformé En oiseau du grand large Des sommets inviolés Puis je m'évade Dans l'Eden de l'aurore Une fuite éphémère Pour respirer la vie Mais le destin est clos Comme un donjon obscur Me rivant au chevet De ma douce muette Je reviens à ses pieds A chaque crépuscule Comme un chien abattu Revient près de son maître.