Vingt-et-un mai , un jour en France, Ouvert sur d’horribles souffrances Il n’ y a plus de Paradis, La mort du père, jour maudit D’une guerre au rictus sanglant Qui cisaille en mille tourments La fleur sacrée de l’innocence Souillée sur le seuil de l’enfance. C’est un vingt-et-un mai superbe Et des cabrioles dans l’herbe, Un dîner chez les grands-parents, Et mes cinq ans, bien insouciants ! Puis on part, malgré les conseils… Tout le village est en éveil, Vingt-et-un mai, devant l’église, Des voix gutturales et grises On nous rassemble sur la place L’effroi nous pénètre et nous glace : Sous la menace des fusils, Le destin aveugle surgit. Frayssinet-le-Gélat, martyr Du nazisme subit le pire : Au bout d’interminables heures Où l’on hurle, l’on crie et pleure Tombent les corps des fusillés Sur le parvis des sacrifiés. L’espoir a replié ses ailes, Vers l’azur, nulle passerelle. Les corps jetés au tombereau, Nos coeurs dépecés au couteau ! Dans la nuit, le fracas des bombes L’épouvante de l’hécatombe… Mon petit coeur, noir de sanglots Se brise aux rumeurs du tombeau !