Puisque le soleil Frappe les champs de méteil Jusqu'à ce qu'ils soient enflés. Puisque les saisons Appliquent couleurs et tons, La nature sur chevalet. Puisque glands et graines Deviennent feuilles troncs et chênes Pour honorer tant d'art, Dieu fit le regard.
Puisque le vent Trouve une flûte quand il s'immisce Dans les moindres interstices. Que l’eau Forme une symphonie lorsque du ciel Elle délie ses colliers de perle ; Du DO au SI Dieu fit l'ouïe.
Puisque les écorces Les trèfles, l'ortie, le caillou Les pétales en corolle, la terre S'offrent de même que la pierre Dieu fit le toucher.
Puisque la vigne Sur le versant d'une colline Suintait alanguie... Que les fruits Cachaient leurs pépins Rêvant d'être croqués enfin, Du plus sur au plus doux Dieu fit le goût.
Puisque les fleurs Epuisaient vainement leur senteur. Puisque la fange Exhale la fécondité à La période des vendanges, Dieu fit l'odorat.
Croyant son oeuvre finie avec ces cinq sens Il réalisa qu'il commettait une erreur, A toutes ces perceptions manquait une essence C'est pourquoi d'une argile tendre il fit le coeur