Un oiseau sur un fil contemple la campagne Le regard à l'affût du moindre vermisseau Pas loin de lui un chat que la paresse gagne S'endort, une sardine encore en son museau
« Que la vie est mal faite, accuse en son langage Le famélique oiseau en lorgnant le matou Vivre avec les humains me vaudrait une cage Tandis que ce gros chat se pavane partout.
C'en est trop, j'ai trop faim, soupire le bipède J'abandonne mon nid et m'en vais sur le champ Vers cette chaumière demander un peu d'aide Et en contrepartie je sifflerai mon chant »
Le brave paysan qui aime la musique Accepte le marché et lui remplit le bec « Tu peux rester ici, je cède à ta supplique Ton chant vaut bien de l'eau, du pain et des fruits secs »
L’oiseau, s’il fût un coq, à ces paroles sages Se serait fièrement dressé sur ses ergots Aussi réclama-t-il : « Je ne veux point de cage Et que le chat et moi soyons tous deux égaux »
« Parfait dit le brave homme, en repoussant la grille Tu es ici chez toi, pas dans une prison Mais dès demain matin égrène-moi tes trilles Pour redonner une âme à ma vieille maison »
Quand vint l’aube suivante aucune barcarolle Ne vient accompagner la montée du soleil Seul un chat assoupi aux deux yeux qui rigolent Une aile dépassant de son museau vermeil
« Pour être mon égal, tu dois être de taille Être un lion ou un tigre, à la rigueur un chien En ça la liberté peut être une bataille Mais sans cette vigueur ne revendique rien »