Le crayon gris Est aigri. Par sa mine défaite, Il montre sa défaite. Effacé son dessein, Ses rêves de blanc-seing. Lisse la feuille Blanche la feuille Pure la feuille Vierge Avec un grain si délicat C’est à peine s’il ose évoquer une rose En frôlant son éclat. La couvrir de dessins Pour y laisser sa trace ! Mais la belle reste de glace. Repoussant ses avances Avec mépris lui lance Q’un crayon de couleur saurait mieux déflorer Si beau papier glacé ! Taille-toi, lui dit-elle, Tu n’es pas affûté. Tu es trop gris, Tu es trop gras Pour te pendre à mon bras. Je veux que tu t’effaces ! Et c’est ainsi sommé Qu’il se voit dégommé. Et le crayon se taille En faisant grise mine. Puisque rien il ne vaut Se jette au caniveau. C’est au gré du courant, Jugeant le sort ingrat, Qu’il échoue en pleurant Contre un fier papier Gras. Il retrouve sa mine Et sa pointe d’impact En se laissant griser Par ce suave contact. Ce n’est qu’une gamine Une feuille orpheline Qui s’avère parfaite Pour sa mine des fêtes.