Ce matin, j’ai vu un enfant Et dans ses grands yeux noirs, J’ai vu le monde. Il n’avait pas plus de cinq ans Et la figure sale des enfants turbulents. Cheveux ébouriffés, Nu jusqu’à la ceinture, Il me dévisageait d’un regard étonné. Autour régnait le calme, Tout se faisait silence, Jusqu’à l’air calciné qui retenait son souffle.
Ses larmes sur ses joues Avaient déjà séché. Ou il n’en avait plus. Les bombes s’étaient tues, L’écho de la mitraille S’était, en se posant, Mêlé à la poussière. Les morts aussi se taisaient. Je regardais l’enfant, Et dans ses grands yeux noirs, Moi, je voyais le monde Le monde tout entier Qui contient dans les yeux D’un seul enfant du monde.