A ma louve
Quand sur toi mon regard, encore, s'attarde,
Il me vient d'immenses bouffées de tendresse,
Tu es pâle d'inquiétude quand tu fardes,
Les premiers outrages, vils, de la vieillesse.
J'aperçois pourtant, vibrant au fond de tes yeux,
Le rêve doux de cette fille de vingt ans,
Qui lança intensément son coeur amoureux,
En offrande, au brasier d'un amour ardent.
J'étais déjà carnassier, tu fis de moi l'homme,
Celui de ta vie, espérant l'infini,
Près de toi je suis resté en somme,
Ton Loup superbe, malgré quelques cheveux gris.
Et cette flamme tendre et bellotte,
Vacilla au vent mauvais qui refroidit,
De l'habitude qui tue et nous ballotte,
Menteuse, va ! qui fait croire tout est fini !
Pourquoi cette vie qui n'épargne quiconque,
Voudrait-elle nous ôter ce qui reste si beau,
L'Amour ne grandit pas de passions quelconques,
Tendresse, complicité, ne sont pas de vains mots.
Ainsi, quand le temps et son oeuvre font la loi,
Que reste-t-il des souvenirs de jeunesse,
Ils sont pourtant là dans l'ombre, vivante foi,
Ornant toujours ce regard plein de richesses.
Michel LENGLET alias GRAND LOUP.