Dans ces instants où les derniers feux s’éteignent, Dans ces heures où s’installent les ombres de la nuit, Naissent alors des rêves qui s’assurent de leur règne, Aux portes du sommeil ils reprennent droit à la vie.
C’est l’heure que le veilleur solitaire a choisi. Il vient poser ses filets sur l’onde, bien mince voile. On lui a dit tout bas que là, une fée mourrait d’ennui Et qu’elle désirait ardemment retrouver son étoile.
Depuis longtemps il nourrit en secret un doux espoir. Il est celui que l’on a laissé au bord du chemin. Comme un mendiant il tend la main chaque soir Et prie encore les Dieux de lui rendre ses clairs matins.
Il est soudainement figé devant une lueur étrange, Il ne sait plus rien, doit-il s’en réjouir ou bien pleurer, Devant lui se profile la forme incertaine d’un ange, Son esprit ébloui cherche à définir ce qu’est cette clarté.
Curieuse vision qui s’impose et pieusement s’adresse à lui Lui, cet homme vieillissant que plus rien ne rend beau L’apparition demande, elle plaide et bientôt le prie… Un frisson lui parcourt l’échine, il ne tourne pas le dos.
Auréolée de jeunesse, si différente de lui, qu’il en a peur Il est déjà sous le charme et cependant voudrait s’enfuir Mais l’envie obsédante de rester combat sa frayeur Il offre son âme dans une dernière ivresse et veut en jouir.
Alors tout s’éteint laissant le gnome triste et las, A peine retrouve-t-il son chemin, les yeux encore éblouis, Bientôt une chaleur intense s’empare de lui à chaque pas, Il se sent jeune, croit au miracle et reprend goût à la vie